Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/306

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Il s’agissait d’une lettre envoyée par lui de Marseille à Pascalon, rédacteur de la Gazette, pour l’émoustiller, l’exciter à des inventions plus fertiles, plus abondantes.

Non, mille fois non, l’accusé n’avait pas écrit cela ; il se débattait, protestait. « Peut-être, je ne dis pas, le sieur de Mons, non comparant… » Et comme il sifflait entre ses lèvres dédaigneuses ce « non comparant » !

Le président alors :

« Faites passer cette lettre à l’accusé. »

Tartarin la prit, la regarda et répondit très simplement :

« C’est vrai, c’est bien mon écriture. Cette lettre est de moi, je ne m’en rappelais pas. »

Il y avait de quoi faire pleurer des tigres !

Un moment après, le même épisode avec Pascalon, à propos d’un article de la Gazette racontant la réception à l’hôtel de ville de Port-Tarascon des passagers de la Farandole et du Lucifer par les indigènes, le roi Négonko et les premiers occupants de l’île, avec une description très détaillée de l’hôtel de ville.

La lecture de cet article soulevait à chaque mot dans la salle d’inextinguibles fous rires coupés de cris d’indignation ; Pascalon