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LE TRÉSOR D’ARLATAN

« Vous voilà donc revenue chez nous, jolie demoiselle ? Vous savez que, si le Romain vous fait peur pour rentrer, un de ces hommes peut vous prendre en travers de sa selle, ou bien moi sous ma grande cape. »

Zia, rajustant sa guimpe et son scapulaîre, un peu confuse, répondit qu’elle n’avait besoin de personne.

« Va bien… va bien… On se retrouvera une autre fois. »

Il eut pour elle un sourire protecteur ; ensuite, saluant jusqu’à terre :

« Au plaisir, monsieur le Franciot, si un jour vous attrapez quelque mauvaise fièvre ; ou si seulement le Trésor vous amuse à visiter, tout à votre service. »

Et, suivi de ses cavaliers aux longs tridents, il s’éloigna, la torche levée, dans un éclairage rembranesque.

Seul avec l’enfant, Danjou se sentit gêné ; elle aussi maintenant semblait privée de tout abandon, de toute confiance. Le rire de ce rustre en était cause sans doute.

« Je suis comme Naïs, dit Henri, il ne me va guère, le sire Arlatan. »

Et devant le visage distrait, fermé, de Zia qu’il croyait uniquement préoccupée du Romain et de la crainte de rentrer seule, il insista pour la reconduire jusqu’à sa porte.

Il faisait une nuit calme et tiède, une de ces