Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/133

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sèches. Son chien Miracle, bien vieux et boitant, était sorti de sa niche, et le suivait silencieusement dans ses talons ; ils avaient si souvent fait ensemble cette promenade du matin !

À l’entrée des vignes, dont les grands cyprès de clôture inclinaient leurs cimes pointues, le chien hésita ; il savait combien le sol en épaisse couche de sable, – un nouveau remède au phylloxera que le consul était en train d’essayer, – serait difficile à ses vieilles pattes, ainsi que les gradins d’étai de la terrasse. La joie de suivre son maître le décida pourtant ; et c’étaient à chaque obstacle de douloureux efforts, des petits cris peureux, des arrêts et des maladresses de crabe sur un rocher. Jean ne le regardait pas, tout occupé de ce nouveau plant d’alicante, dont son père l’avait longtemps entretenu la veille. Les souches paraissaient d’une belle venue sur le sable uni et luisant. Enfin le pauvre homme allait être payé de ses peines entêtées ; le clos de Castelet pourrait revivre, quand la Nerte, l’Ermitage, tous les grands crus du Midi étaient morts !