Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/163

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second.

— Il s’assied là où tu es, reste en contemplation jusqu’à ce que je lui dise : « Kuyper, vous m’ennuyez. » Alors il répond : « pien » et il s’en va… C’est lui qui m’a donné cette petite broche en corail… Tu sais, ça vaut cent sous ; je l’ai acceptée pour avoir la paix.

Un garçon entrait, apportait un plateau chargé qu’il posait sur un bout du guéridon en reculant un peu la plante verte.

— C’est là que je mange toute seule, une heure avant la table d’hôte.

Elle indiqua deux plats du menu assez long et copieux. La gérante n’avait droit qu’à deux plats et au potage.

— Faut-il qu’elle soit chienne, cette Rosario !… Du reste, j’aime mieux manger là ; je n’ai pas besoin de parler et je relis tes lettres qui me tiennent compagnie.

Elle s’interrompit encore pour atteindre une nappe, des serviettes ; à tout moment on la dérangeait, un ordre à donner, une armoire à ouvrir, une réclamation à satisfaire. Jean comprit qu’il la gênerait en restant davantage ; puis on installait son dîner, et c’était si piètre, cette petite soupière d’une portion qui fumait sur la table, leur donnant à tous deux la