Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

m’a guérie de toutes ces horreurs… Elle et son caméléon qui empeste, ils me dégoûtent tous les deux.

— Je ne veux plus que tu restes là, fit l’amant affolé de jalousies malsaines… Il y a trop de saletés dans le pain que tu gagnes ; tu vas revenir avec moi, nous nous en tirerons toujours.

Elle l’attendait, ce cri, l’appelait depuis longtemps. Cependant elle résista, objectant qu’en ménage, avec les trois cents francs du ministère, la vie serait bien difficile, qu’il faudrait peut-être se séparer encore… « Et j’ai tant souffert en quittant notre pauvre maison !… »

Des bancs s’espaçaient sous les acacias qui bordent la route avec les fils du télégraphe chargés d’hirondelles ; pour mieux causer, ils s’assirent, très émus tous deux et les bras noués :

— Trois cents francs par mois, disait Jean, mais comment font les Hettéma qui n’en ont que deux cent cinquante ?…

— Ils vivent à la campagne, à Chaville toute l’année.