Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/24

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un soir que Gaussin, la lampe allumée, ses livres préparés sur la table, se mettait au travail, on frappa timidement ; et, la porte ouverte, une femme apparut en toilette élégante et claire. Il la reconnut seulement quand elle eut relevé sa voilette.

— Vous voyez, c’est moi… je reviens…

Puis surprenant le regard inquiet, gêné, qu’il jetait sur la besogne en train :

— Oh ! je ne vous dérangerai pas… je sais ce que c’est…

Elle défit son chapeau, prit une livraison du Tour du monde, s’installa et ne bougea plus, absorbée en apparence par sa lecture ; mais, chaque fois qu’il levait les yeux, il rencontrait son regard.

Et vraiment il lui fallait du courage pour ne pas la prendre tout de suite entre ses bras, car elle était bien tentante et d’un grand charme avec sa toute petite tête au front bas, au nez court, à la lèvre sensuelle et bonne, et la maturité souple de sa taille dans cette robe d’une correction toute parisienne, moins effrayante pour lui que sa défroque de fille d’Égypte.

Partie le lendemain de bonne heure, elle