Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

amant, avec un grand sanglot qui la secouait toute, et d’où sortait une plainte entrecoupée :

— Pardon, grâce… je t’aime, je n’ai que toi… Mon amour, ma vie, ne fais pas ça… ne me laisse pas… qu’est-ce que tu veux que je devienne ?

L’émotion le gagnait… Oh ! voilà ce qu’il avait redouté… Les larmes montaient d’elle à lui, et il renversait la tête en arrière pour les garder dans ses yeux débordants, essayant de l’apaiser par des mots bêtes, et toujours cet argument raisonnable :

— Mais puisque je devais partir…

Elle se redressa avec ce cri qui dévoilait tout son espoir :

— Eh ! tu ne serais pas parti. Je t’aurais dit : Attends, laisse-toi aimer encore… Crois-tu que cela se retrouve deux fois d’être aimé comme je t’aime ?… Tu as le temps de te marier, tu es si jeune… moi, bientôt, je serai finie… je ne pourrai plus, et alors nous nous quitterons naturellement.

Il voulut se lever ; il eut ce courage, et de lui dire que tout ce qu’elle faisait était inutile ; mais s’accrochant à lui, se traînant agenouillée