Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/39

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lorsqu’il fut levé à son tour, et vêtu, ses pieds solides dans ses bottes.

Tout en ramassant ses vêtements dans la chambre hermétiquement close où la veilleuse éclairait encore le désordre du petit souper, il entendait le bruit d’un débat terrible étouffé par les tentures du salon. Une voix d’homme, irritée d’abord, puis implorante, dont les éclats s’écrasaient en sanglots, en larmoyantes faiblesses, alternait avec une autre voix qu’il ne reconnut pas tout de suite, dure et rauque, chargée de haine et de mots ignobles arrivant jusqu’à lui comme d’une dispute de brasserie de filles.

Tout ce luxe amoureux en était souillé, dégradé d’un éclaboussement de taches sur de la soie ; et la femme salie aussi, au niveau d’autres qu’il avait méprisées auparavant.

Elle rentra haletante, tordant d’un beau geste sa chevelure répandue :

— Est-ce bête un homme qui pleure !…

Puis le voyant debout, habillé, elle eut un cri de rage :

— Tu t’es levé !… recouche-toi… tout de suite… Je le veux…

Subitement radoucie, et l’enlaçant du geste et de la voix :