Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/212

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ministre des finances, et tâchez de répondre aux in… aux inter… oui, c’est cela… aux interpellations de la Chambre.

madame jourdeuil.

Tu ris, toi… tu es bien heureuse.

louise.

Mais non, maman, je ne ris pas. Je parle comme le journal de papa, un journal qui ne rit jamais. (S’appuyant sur le dossier du fauteuil.) Fais voir un peu ce vilain livre ?

madame jourdeuil.

Ah ! ma pauvre Louise, je suis épouvantée. Tiens, regarde, nous avons encore plus dépensé ce mois-ci que le mois dernier.

louise, regardant par-dessus l’épaule de sa mère.

Ce n’est pas étonnant, tout est si cher, à la campagne !… Et puis, ce mois-ci, j’ai fait venir beaucoup de musique.

madame jourdeuil.

Oh ! ce n’est pas ta musique. C’est plutôt moi, avec ce maudit chapeau lilas que vous m’avez forcée d’acheter. Comme si j’avais besoin d’un chapeau lilas, je vous demande.

louise.

Mais oui, mais oui, tu en avais besoin. Est-ce que tu pouvais offrir le pain bénit avec une méchante capote de l’an dernier ?… D’abord un chapeau lilas n’est pas une grosse affaire, après tout.