Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/240

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Jourdeuil, élève et ami du baron Gros, médaillé en 1825. (À sa femme.) Tu sais, toi, si c’était facile d’être médaillé en 1825 ?

madame jourdeuil, avec conviction.

Ah !

franqueyrol, à part.

Parbleu !

le père jourdeuil, d’une voix terrible.

Monsieur, cet homme-là ne trouve plus à vendre un seul de ses tableaux en France, pas un (Approchant sa tête de l’oreille de Franqueyrol.) Vous comprenez, je leur fais peur, à ces gandins !… Et savez-vous qui les a recueillis, ces magnifiques Jourdeuil-le-Vieux, dont la France ne voulait plus ? L’Amérique, mon brave homme, l’Amérique !

madame jourdeuil.

C’est la vérité, ils sont fous de sa peinture, là-bas…

franqueyrol.

Tant mieux, voilà qui me réconcilie un peu avec eux.

le père jourdeuil.

Oh ! c’est une belle race, allez ! et qui m’a bien compris. J’ai des commandes par-dessus la tête… Si je voulais gagner beaucoup d’argent… mais je n’y tiens pas. (Avec intention.) Je ne suis pas un spéculateur, moi. Je travaille lentement, à mes heures, avec amour, et pourvu que je puisse me payer de temps en temps une belle pièce de faïence.