Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/261

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égal, j’ai le cœur un peu serré pour jouer cette comédie. (À Namoun, qui entre.) C’est bien, Namoun, je suis content de toi, ce matin. Seulement, écoute je t’ai menacé quelquefois de te faire manger du bâton, comme tu dis ; mais cela ne m’est pas encore arrivé, n’est-ce pas ?

namoun, câlin.

Ou-Allah ! bono, toi, mouci.

henri.

Eh bien ! si jamais tu as le malheur de raconter ce qui passe chez moi, je te jure que ce jour-là tu en mangeras, du bâton mais tu en mangeras comme les bourriquots de ton pays n’en ont jamais mangé. Tu m’entends ?… (Namoun recule, effrayé.) Ainsi, tiens ta langue…

namoun.

As bas bour, mouci.

henri, à part.

Pauvre petit ! Heureusement que la menace suffira. (Haut.) Maintenant, tiens, prends ceci, et porte-le chez madame Clémence. Tu diras que… non, tu ne diras rien. Donne la lettre, voilà tout. (Namoun prend la lettre.) En descendant, répète au père Justin de ne pas oublier sa consigne : jusqu’à ce soir, ceci est mon atelier. Qu’il n’aille pas les envoyer là-haut.

namoun, courant ouvrir la porte.

Ia ! didoun, mouci…

nenri.

Quoi ?