Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/318

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queyrol, ici présent, qui est allé te chercher au fond de l’Adriatique, et qui ne veut pas avoir risqué sa peau pour repêcher un… papetier… Il y en a déjà trop, de ces bonshommes-là ! Tu ris ?… Eh bien ! moi, je te dis que si tu renonces à la peinture, j’ai le droit d’aller te flanquer dans l’Adriatique, à la place où je t’ai trouvé et dans la même position… Ma parole d’honneur ! je te remets là et je ne m’en mêle plus.

henri.

Ah ! tu aurais bien mieux fait de ne jamais t’en mêler… On doit être si bien sur un bon lit de sable au fond de la mer, sans penser… (Un temps.)

franqueyrol, s’approche.

Toi, tu as du gros chagrin, bien sûr.

henri, relevant la tête.

Du chagrin… Ah ! ben oui… je suis très content, au contraire. J’ai une place magnifique… je gagne beaucoup d’argent.

franqueyrol.

Ainsi ce n’est qu’une question de gros sous !… Tu es ici parce que tu veux gagner de l’argent ?

henri.

Oui.

franqueyrol.

Mais, brigand de bon sort ! qu’est-ce que c’est donc que cette rage d’argent qui te pousse ? De l’argent ! quès aco ? Pour quoi faire, de l’argent ? Est-ce que tu n’en gagnais pas plus qu’il t’en fallait