Page:Daudet - Trente ans de Paris, Flammarion, 1889.djvu/307

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des roues criant aux ornières, toute cette vie champêtre, vous la trouverez dans son livre. Et bien d’autres choses encore, des critiques ingénieuses, une aimable érudition de fantaisiste, la biographie poétique de l’orchestre et de tous ses instruments, depuis la viole d’amour jusqu’aux trompettes Sax, racontée pour la première fois. Nous causions de cela sous notre saule, ou dans quelque auberge du bord de l’eau, en buvant du vin blanc boueux de l’année, en écrasant un hareng au coin d’une assiette ébréchée, au milieu des carriers et des gens de marine ; nous en causions en tirant l’aviron, en courant la Seine et l’imprévu des petites rivières confluentes.

Oh ! nos promenades sur l’Orge, jolie, moirée, toute noire d’ombre, embroussaillée de lianes odorantes comme un ruisseau d’Océanie ! On allait devant soi, sans savoir. Par moment on passait entre des pelouses mondaines où traînait la queue d’un paon blanc, des robes claires faisant bouquet. Un tableau de Nittis. Au fond, le château, tout pimpant de sa flore de keepsake, plongeait