Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/68

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Ma résolution de vengeance m’est plus chère encore, cependant… Je suis à la fois triste et satisfaite.

— Mon Dieu, mon Dieu ! murmura Charlot, un peu angoissé, que tout cela est pénible !… » Puis il laissa retomber en soupirant les mains de la jeune fille et se dirigea vers la porte de la tente.

L’Algonquine alors parla. Sa voix supplia. Charlot se prit à l’écouter, bien qu’il ne se retourna pas.

— « Mon frère ne peut pas partir ainsi… Pourquoi ne veut-il pas comprendre une âme différente de la sienne ?… Ai-je reçu, moi, comme lui et comme ce petit enfant qui vient de mourir, de cette eau extraordinaire, qui lave, qui donne d’autres sentiments… plus doux… ! Les nôtres, nos sentiments, me paraissaient nobles pourtant… Faire du bien à ceux qui vous font du bien, seulement ; aux autres, rendre coup pour coup… Sinon, n’est-on pas un lâche ?… Être lâche, ô horreur, être lâche, mais je crains plus cet état que la mort. Mon frère ne veut pas me comprendre… Je le vois, je le sens… Son silence me l’apprend.

Charlot, soudain, revint vers elle.

— Lis-en-Fleur, ma sœur, en ce moment vous m’êtes une profonde douleur, en effet, non une