Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/89

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l’émotion qui a provoqué la crise de tout à l’heure. C’est la peur de te voir ressaisie par tes ennemis surtout. Allons, allons, assez le regarder !… Fuis au plus tôt. Prends le bois à droite, ne l’oublie pas. Va devant toi sans même tourner la tête. Dans peu de minutes, je t’aurai rejoint, va.

— Nous accompagneras-tu loin, Kinaetenon ?

— Je ne vous accompagnerai pas du tout. Au premier carrefour, je vous quitte. Je dois revenir au plus tôt. Il me faut trouver tant d’autres ruses afin d’empêcher qu’on vous poursuive… Mais, va, va.

— Au revoir, Kinaetenon. À tout à l’heure ». Et la brave Lis-en-Fleur souleva avec précaution un des coins de la tente, au fond. Elle la rabaissa aussitôt, et, se tournant pour un moment, dit à Kinaetenon, les yeux brillants de larmes, et la voix assez joyeuse : « Frère, il neige, il neige. De gros flocons couvrent déjà le sol. Adieu, Kiné, pour de bon cette fois. »

L’Algonquine une fois disparue, Kinaetenon prépara tout pour un départ précipité. Il allait recouvrir complètement le corps douloureux de son ami Charlot, lorsque celui-ci ouvrit de nouveau les yeux. Toute trace de délire avait disparu de son regard.