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l’entendre chanter quelque complainte pour endormir l’enfant malade.

Son espoir fut vain. Il rentrait, très sombre, sous son propre abri, lorsqu’il entendit, soudain, des éclats de voix courroucées, des coups, quelques plaintes, des pleurs d’enfant ; puis il vit la sortie précipitée de la sœur de Kinaetenon accompagnée de son mari. Tous deux étaient parés et devaient se rendre sans doute à quelque festin de sagamo.

Tout d’abord, Charlot s’était hâté de rentrer sous la tente. Mais une fois à l’intérieur, vite, il avait regagné son poste d’observation. Il étouffa un cri de joie en voyant s’éloigner les maîtres brutaux de l’Algonquine. Il attendit quelques minutes. Il lui semblait que Lis-en-fleur l’appellerait aussitôt qu’elle le pourrait. Non, rien encore. Tout était silencieux du côté de la tente voisine. De temps à autre, cependant, on entendait des gémissements auxquels venaient se mêler des pleurs d’enfant.

Bientôt, Charlot n’y tint plus. Il se couvrit d’un large manteau, sortit et alla frapper à la tente où se cachait Lis-en-fleur.

« Entrez, dit la voix de celle-ci, mais si faible, si dolente, si insouciante, que Charlot, fou d’inquiétude bondit à l’intérieur.

(À suivre)
Marie-Claire DAVELUY