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ment, sur le couvercle de la bière. Damien se soulève, surpris. Tout redevient silencieux. « Je me serais trompé. C’est mon cœur plein de chagrin qui bat fortement, raisonne Damien ».

Pan ! pan ! pan !… reprend-on au bout d’un quart d’heure, et cette fois le couvercle de la bière s’est levé un peu. Damien s’approche d’un bond, son bâton à la main. Il menace. « M. le trépassé, taisez-vous, ou gare à votre peau glacée. J’ai de quoi la réchauffer ».

Toc ! toc ! toc !… Pan ! pan ! pan !…, frappe-t-on plus fort, et bientôt c’est un tapage infernal que fait entendre la bière. Le bois frémit et craque.

Alors, Damien, sans réfléchir, hélas ! comme tous les esprits colériques, ouvre vivement la bière et d’un coup de bâton assomme l’occupant. « Les vivants avec les vivants, rugit-il, et les morts avec les morts ». Au cri terrible que pousse sa victime, Damien reconnaît son ennemi le bedeau. Il l’entendait, petits, pour la dernière fois, cette voix hargneuse, car le bedeau était bel et bien mort, en un instant.

« Je suis un meurtrier ! je suis un meurtrier, se lamenta Damien, dès que sa colère tomba. Que vais-je devenir ?… On va me pendre… je l’aurai bien mérité !… Et aussitôt, n’est-ce pas, allons, houp ! entre les bras de Satan… pour une caresse éternelle !

Damien avait chaud, bien chaud, en songeant que