Page:Daveluy - L'incroyable histoire de Damien-sans-peur, paru dans l'Oiseau bleu, jan-fév 1924.djvu/14

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Damien court jusqu’à l’aube. Ce rude exercice le remet d’aplomb. Ses nerfs se détendent. Il reprend son humeur gaillarde. Mais ses yeux qui brillent d’audace, sa bouche qui se durcit ne font présager rien de bon. Sa conscience s’engourdit, voyez-vous, petits, et intérieurement il est décidé à tout braver : le diable, sa mystérieuse forêt, cent autres bedeaux hargneux, que sais-je encore !… Pauvre Damien ! À ce moment toutefois, il est à bout d’haleine et ne souhaite qu’un peu de repos. Il se glisse sous un orme gigantesque qui s’ouvre sous le ciel en un large parasol, il semble à Damien qu’il n’ait jamais connu d’abri plus sûr, de nid aussi douillet. Il s’étend et s’étire avec délices sous l’ombrage de l’arbre ; et, bientôt, voilà que ses yeux s’appesantissent, que ses idées se brouillent, qu’il tombe dans un sommeil si profond qu’aucun rêve ne peut le troubler.

Ce sommeil dure-t-il longtemps ? Cela se pourrait car Damien en s’éveillant constate que le soleil est aux trois-quarts de sa course. Sans bouger, il promène autour de lui un regard surpris. Où donc s’en est allée la forêt mystérieuse ?… Qu’est devenu l’orme bienfaisant ?… Il n’aperçoit plus rien. Aurait-il été transporté ? Oui, sans doute. Mais par qui ?

La surprise de Damien se change en émerveillement. Il repose au milieu des roses dans un jardin d’une incomparable beauté. Des oiseaux aux ailes d’émeraudes, aux fins corselets d’or volettent autour de lui en gazouillant. Une source dont on perçoit les notes de cristal répand de la fraîcheur. Et quels effluves parfumés lui apporte la brise !

Damien se soulève lentement. « Où suis-je, mais où suis-je donc ? se demande-t-il encore. On dirait vrai-