Page:Daveluy - L'incroyable histoire de Damien-sans-peur, paru dans l'Oiseau bleu, jan-fév 1924.djvu/29

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Son corps se replie sur lui-même. Ah ! qu’il souffre !… Deux larmes, lourdes, brûlantes, glissent le long de ses joues… Elles tombent… Et Damien revoit de nouveau en elle l’image de la Madone. Dans un effort surhumain, il se soulève, il murmure : « Pitié ! Marie ! »

Ô prodige ! Puissance magnifique du repentir ! Avec un cri terrible, Lucifer s’écrase en un instant à ses pieds… Et une vision radieuse vient réconforter Damien, la Vierge miséricordieuse s’approche. Des anges la suivent. Elle pose son pied, qui brille comme la neige au soleil, sur Lucifer effondré. Il se tord, la bouche écumante, puis s’enfonce sous terre.

La Vierge se penche sur le mourant. Tendrement elle retire de la plaie la petite médaille à son effigie. Elle l’offre à Damien, pour un baiser suprême. Elle s’écarte… Damien voit sa mère, la figure illuminée par la reconnaissance, puis son bon vieux curé aux cheveux de neige, la vieille Mélanie… Mais la Vierge parle : « Damien, Damien, ne t’endors pas maintenant, mon enfant. Vois ici,… vois,… avant que tes yeux se ferment pour toujours. Et pour la seconde fois, la Vierge s’écarte.

Damien a près de lui sa victime le bedeau. Ses mains sont chargées de chaînes. Il les tend. Il implore : « Damien, accorde-moi ton pardon. Pauvre orphelin, si je n’eusse été aussi méchant, serais-tu ici ? Damien, ton pardon… Le ciel m’est fermé si tu refuses. »

La figure de Damien se détend. Elle se force à sourire. Avec des peines infinies, l’agonisant saisit un pan du manteau de la vierge. Puis lentement, bien lentement, il le rapproche des chaînes de sa victime. Ses lèvres s’agitent : « Je…par…donne… » dit-il, dans un souffle. Il expire ……… .........................

« Ainsi finit le pauvre Damien-sans-peur, petits, conclut tante Élise. Il ne dut son salut, vous le voyez, qu’à un acte d’obéissance envers sa maman, et à un peu de dévotion pour la Mère de Jésus. Rappelez-vous cela toujours, petits, toujours… »