Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La voix du Capitaine devenait brève. Il regardait attentivement cette jeune femme, si belle, si froide, si douce aussi, tout de même. Ses mains tremblaient en s’appuyant sur le rebord de la table. Le médecin, Mme de Repentigny, Charlot laissèrent par discrétion les jeunes époux continuer cette conversation au ton si complètement inattendu, un soir de noces.

— Je ferai ce que vous voudrez, André.

— Nous pourrons fort bien confier Manette aux soins de cette jeune Huronne qui joue volontiers avec les enfants, et dont le père se mettrait dans le feu pour obéir à un vœu, même déraisonnable, de Charlot.

— C’est entendu, André.

Un soupir involontaire s’échappa des lèvres de la jeune femme. Elle s’habituait mal à ce ton bref, un peu dur. Ce qu’elle ne vit pas, car ses yeux étaient bas, c’est le regard douloureux, soudain, que le Capitaine de Senancourt posa sur elle. Mais il eut la durée d’un éclair, car le médecin se rapprochait.

— Je reviendrai dans deux heures, pour bien préparer la nuit, fit l’homme de l’art, en s’inclinant devant eux.

— Docteur, dit soudain André de Senancourt, alors que Mme de Repentigny et Charlot revenaient aussi près d’eux, docteur, vous pour-