Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/140

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avec André, car elle aurait peur de lui faire trop bien lire en son cœur. Et le temps n’en était pas venu. Elle s’assurerait auparavant des sentiments de son mari envers cette petite folle, qui avait fini par prendre une trop grande place au foyer de son frère… Mais que disait-elle là ? Ce foyer, c’était le sien aussi, maintenant. Elle y avait des droits. Elle les ferait valoir.

Vers midi, elle sortit de sa chambre et vint prendre sa place à table. André n’était pas encore de retour. Il y avait eu deux heures de corvée à donner au Fort, et un billet courtois en avait averti Perrine à temps. Elle avait donc donné des ordres à Manette, non à la Huronne, sur les travaux à accomplir. Puis ses bagages étaient arrivés. Elle avait vaqué à plusieurs petites besognes, combattant le mieux qu’elle pouvait une migraine atroce. Vers quatre heures de l’après-midi, elle ne se sentit plus la force de travailler et se retira dans sa chambre de nouveau. André n’était pas revenu depuis le matin. Les enfants jouaient dans la chambre à côté, et un soldat gardait la maison en fumant tranquillement, ou en sifflotant de temps à autre avec douceur. Perrine s’endormit soudain. Sa tête pâlie, triste, gardait, même dans le sommeil, de douloureuses crispations.

Elle se réveilla vers six heures et se sentit reposée.

Entendant Manette frapper, elle lui