Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/165

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tion du garde-manger. C’est propre, mais rangé dans l’ordre le plus curieux.

— Faites à votre goût, Manette.

— Tante, cria la voix flûtée de la petite nièce, Pierrot ne veut pas croire que je m’appelle Lise maintenant, et non « petite Perrine ». Il dit que c’est à notre maman qui est au ciel le nom de Lise. C’est à moi aussi. Tu l’as dit. Parle-lui, veux-tu ? Il ne veut pas comprendre.

Perrine vint s’asseoir près du petit garçon. Elle lui expliqua, avec quelle tendresse dans la voix, « que ce serait causer un grand plaisir à papa d’entendre ainsi prononcer le nom de Lise, qu’il avait tant aimé et qu’il n’entendait plus jamais, jamais… C’était une surprise bien douce qu’on allait lui faire. Pierrot verrait. Son papa serait très, très touché… Pierrot n’avait pas pensé à tout cela, c’était certain… Et si le cher papa s’en montrait heureux, est-ce que son petit garçon ne le serait pas aussi ? » Et Perrine caressait, tout en parlant, les joues brunes de l’enfant, puis le pressa un moment contre elle.

« Tante Perrine, dit enfin le petit, je dirai maintenant Lise, car je veux tout ce que tu veux… Ta voix est si douce… Et tes yeux ? ils sont bleus, bleus comme un ciel… ensoleillé… Oui, oui, c’est cela que disait oncle André quand il parlait de toi. Où est-il, oncle André ? Il se levait tôt, tu sais, quand tu n’étais pas là.