Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peur !

— Je ne te quitterai plus jamais, je te l’ai dit.

— Tu es bonne… et… si belle, Lise, plus… qu’autrefois… Et puis…

— Dis ce que tu désires. Et puis ?

— Lise, ne laisse pas ta belle-sœur entrer dans la chambre… Je ne veux pas la voir… Elle m’a tant fait souffrir… Je voudrais… je voudrais…

— Qu’est-ce que tu voudrais, mon André chéri ?

— La haïr ! Haïr Perrine, qui me torture… qui ne peut pas m’aimer.

— Oh ! tu es cruel… Ne parle pas ainsi. Promets-moi que tu la reverras. Elle est bonne, délicate… Elle se sacrifiera.

— Non, non, Lise, je ne hais point Perrine… je ne le puis pas… je l’aime… et… je suis malheureux, oh ! si malheureux… Oui, reste ainsi, tout près de moi… garde ma main… quand tu étais petite, c’était moi qui prenais la tienne quand tu voulais… dormir… Ma tendre petite sœur !… Lise… reste… ne… me quitte…

Ces derniers mots sortirent avec difficulté, ainsi que de faibles souffles, puis le malade tomba dans un sommeil profond. Il avait sur les lèvres presque l’esquisse d’un sourire.

Le médecin regardait le blessé avec attention, puis se tournant, il dit à Charlot :

— Tout va bien. Ce sommeil va être réparateur. Mais, mon ami, veillez sur votre sœur. Je vais lui prescrire quelque chose de tonifiant