Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/173

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sans doute, le chagrin, la déception, une sorte d’impatience et d’agacement qu’il ne pouvait se défendre d’éprouver. » Il allait et venait à travers les beaux salons, ne s’attardant guère auprès des courtisans, qui eux, au contraire, s’empressaient de l’entourer et de le flatter. Enfin !… Il aperçut dans une serre déserte, la reine Épine. Elle donnait des ordres à un jeune officier, qui tremblait devant elle. Rochelure put saisir ces mots : « Capitaine, courez à la recherche de la princesse Aube. Elle a disparu depuis assez longtemps au bras d’un jeune seigneur que, oncques n’a vu ni connu. Vous le reconnaîtrez vite. Il a la chevelure brune et bouclée, une taille fière, des habits blancs et or fort seyants et surtout regarder bien, une épée à la garde sertie de diamants et de perles. Allez. Avisez-moi dès que vous aurez retracé la princesse et son cavalier. »

Rochelure s’approcha vivement. Il fit un signe. La reine comprit.

« Attendez, capitaine ! commanda-t-elle. Il y a contre-ordre. Ne recherchez personne s’il vous plaît. » Le jeune officier trop heureux d’être délivré d’une mission embarrassante se hâta de disparaître.

« Eh bien, Rochelure, que signifie… ? dit sèchement la reine.

— Que votre Majesté ne m’en veuille pas. Qu’elle m’écoute et elle sera, je l’espère, de mon avis. Il serait préférable de voir à tout cela nous-mêmes. Je connais la poétique retraite de la princesse.

— Vraiment ?

— Elle cause en cet instant sous les ormes du parc avec son ridicule petit seigneur. Et elle en semble si heureuse. Altesse, que ce spectacle m’a été insupportable… J’ai fui ! Deux danses, une entrevue, est-ce que, vraiment, ce n’est pas assez, ce n’est pas trop, pour cet étranger… un imposteur peut-être ?

— Rochelure, dit la reine méchamment, quittez votre air sombre. La jeunesse et la beauté de votre rival seraient victorieuses, si en ce moment, on comparait vos deux visages… D’ailleurs, je vous l’ai dit, vous êtes stupide de faire entrer l’amour dans votre jeu.