Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/221

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— Ma mère chérie, voulez-vous dire, Sire, murmura Jean, avec respect mais fermeté.

— Oui, enfant. Ah ! j’ai plaisir à vous trouver noblement reconnaissant… Donc, vos sauveurs de la forêt, puis votre mère adoptive m’ont tout appris de votre courte existence bien remplie… Ne sais-je même pas que mon désobéissant filleul a payé cher son unique faute !

— Elle m’a bien servi, aussi, Sire. Mais cela n’empêche que j’ai failli. Il est inutile que je fasse voir à Votre Majesté la lettre et la montre enchantée ?

— Montrez-les moi, tout de même, un instant, duc. »

Le roi manifesta de l’émotion en examinant les deux objets qui avaient suscité autour d’eux tant de larmes, de travaux, de tragiques deuils.

— Vous comptez les détruire ? demanda le roi à Jean.

— Non, Sire. » Puis, en souriant : « Si plus tard, je dois écrire mes mémoires, ces objets me rappelleront clairement tant de choses, héroïques et douces. Mais… comme la figure de Votre Majesté devient soucieuse ! Vous aurai-je déplu, Sire, sans le savoir, sans le vouloir, surtout ?

— Non, petit cousin, non, non. Mais je veux vous imposer une tâche, et je doute encore si elle sera pour vous ennuyeuse ou douce. Je tiens cependant à ce que vous l’accomplissiez, j’y tiens… Dieu ! il y a peu de choses dont le succès me tienne pareillement au cœur.

— Mais, Sire, dit le jeune homme, il me semble que vous n’avez qu’à exprimer un désir pour que je m’empresse de le satisfaire… Votre Majesté ne se doute-t-elle pas du bonheur qu’éprouve en ce moment le fils du duc Géo ? Vous le recevez avec tant de paternelle affection…

— Jean, reprit le roi, les yeux au loin, la figure soudain triste, malgré toute ma puissance, je ne puis, voyez-vous, commander à vos sentiments. Cela n’est pas de mon domaine, je le sais.

— Mes sentiments ?… Je ne vous comprends pas, Sire.