Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pure de la petite princesse Aube.

Grolo-le-bon faisait de longues courses à cheval. Il se déguisait en bourgeois, ces jours-là, et n’amenait avec lui qu’un page timide et silencieux. On les voyait, errer sur le bord des grands lacs. Le roi se plaisait à voir le soleil poser de minuscules langues d’or sur la fine pointe des vagues. Jamais, jamais, cependant, Grolo ne rencontrait d’être humain. Ce qui faisait qu’il rentrait au palais le soir, en soupirant bien fort.

Un jour qu’il s’était écarté de la route connue, à la poursuite d’un oiseau au riche plumage qu’il désirait rapporter à la petite princesse Aube, il ne put ni retrouver son chemin, ni rejoindre le jeune page qu’il appelait vainement. Le roi Grolo était le plus brave des rois, de sorte que sans plus s’inquiéter, il laissa son beau cheval blanc s’engager au hasard dans la forêt. Il couvrit ainsi une longue distance, songeur et triste. Une clairière apparut enfin, et, à sa grande surprise, une hutte misérable. Il descendit aussitôt de sa monture, lia sa bête fatiguée à un arbre, puis, doucement, avec précaution, s’approcha de la pauvre demeure. Il n’aperçut d’abord personne, mais une voix plaintive s’éleva, et il vit sur un banc, à droite de la maison, un bûcheron, assis, la tête dans les mains, en proie visiblement à un morne désespoir. Le bûcheron gémissait : « Hélas ! qu’allons-nous faire ?…