Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/99

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sants roucoulements, puis avec de grands vols fous s’élançait dans le corridor. Et Jean se mettait à poursuivre l’innocente petite bête, en riant de tout son cœur.

À l’heure du repos, Jean parla doucement à l’oiseau qu’il voyait se blottir, frileux, au pied de son lit : « Gentille colombe, ne me quitte pas, de grâce. Tu es pour moi le gage du pardon, l’aimable certitude que mes maîtres m’aiment encore. J’ai tant souffert… Ô petit ami ailé, viens charmer quelque temps ma dure captivité… Dis, tu prends en pitié l’élève repentant des gnomes… Tu ne t’enfuiras pas… cette nuit… »

L’oiseau ne bougeait pas. La tête enfoncée sous ses ailes, il paraissait dormir. Et Jean, confiant, s’endormit à son tour, non sans balbutier, une dernière fois. « Ne… t’enfuis… pas… petit oiseau ! »

Au réveil, une surprise bien autrement émouvante attendait Jean. La colombe n’était plus auprès de lui, hélas ! mais il se voyait étendu sur la couche délicate et moëlleuse de jadis. Ses beaux appartements l’entouraient. Oui, tout était bien en l’état il l’avait laissé le soir fatal de sa fuite… Au loin, son atelier resplendissait de clartés et de couleurs.

Dans la stupeur la plus complète, Jean se leva. Il courut ici et là. Il s’arrêta devant la large fresque inachevée. Elle semblait encore d’une engageante fraîcheur et l’invitait à reprendre la besogne si tristement interrompue.

Jean revoyait aussi sur une chaise ses habits seyants… Il passa la main sur sa tête. Des boucles soyeuses l’encadraient. Vraiment, tout lui était rendu à la fois. Mais quelle soudaine