Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/109

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mes dispositions peu communicatives… Mais que veux-tu ! Les heures si tristes de ma jeunesse ont pesé sur mon âme… Elle s’est un peu fermée…

— Je ne t’en veux jamais, ma petite fille, ne parle pas ainsi. Seulement, il me semble qu’une confidence, de temps à autre, allège d’autant le poids, la détresse de notre âme. Lorsque je te parle longuement d’Olivier, de mon bien-aimé, dont le souvenir enveloppe toujours de triste douceur chaque jour de ma vie, cela me fait du bien, il me semble presque le ramener parmi nous…

— Oui, et jamais tu n’en revivras assez avec moi les heures douloureuses passées ensemble ici. Chère cousine, comme je t’aime ?… Toi seule qui me restes… fidèle toujours !… Ah ! voici que la vieille Mélanie nous aperçoit de la cuisine… Nous n’aurons pas même à allumer les lampes… Le jour nous quitte trop tôt, vraiment, en septembre…

— J’aime, moi, ce crépuscule hâtif qui s’étend sur la vieille demeure. Nos ombres chéries y reviennent avec satisfaction, je suis sûre.

— Entre au salon, cousine… Nous soupons dans une demi-heure seulement. Je viendrai t’y rejoindre. Je monte à ma chambre, mettre une robe de laine, c’est très frais ce soir…

— Donne le courrier, ou plutôt fais le parta-