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Les aventures de Perrine et de Charlot

s’abandonne au plus navrant désespoir. Ni les prières, ni les commandements du jeune homme ne peuvent le tirer de son attitude prostrée. Une seule fois, il relève sa figure ravagée et fixe le jeune commis avec des yeux fous : « M.  Olivier, parvient-il à dire, je ne retournerai pas sans Charlot chez Mme  de Cordé. Je n’y retournerai jamais, sans lui, jamais !… Et puis Mademoiselle Perrine, oh ! M.  Olivier, Mademoiselle Perrine, comment revoir ses grands yeux qui me demanderont sans cesse, le petit… » De grosses larmes glissent, pressées, sur les joues de l’infirme. Olivier Le Tardif détourne la tête. Cette douleur fait mal à voir.

À regret, le jeune homme le quitte. « Pour quelques instants seulement, remarque-t-il. Promets-moi de m’attendre, Julien, sois raisonnable. Je vais organiser du secours. Il faut tout tenter, tu le sais bien. » Julien ne lui répond pas.

Au pas de course, Olivier Le Tardif reprend le chemin de Québec. Il donne l’alarme au fort, et rapidement groupe les soldats. À la lueur des torches, la forêt est fouillée en tous sens. Des cris sont jetés, des appels retentissent, les arbres sont secoués. Tout est inutile. Les bois gardent leur secret, et les ravisseurs leur victime. Hélas ! personne ne revoit, non plus, le pauvre Julien. Le matelot a exécuté sa farouche résolution : ne plus reparaître sans Charlot.

Vers onze heures, alors que tout espoir est bien perdu, Olivier Le Tardif gravit le côteau Sainte Geneviève. Quelle douloureuse mission il lui reste à remplir !

À quelques pas de la maison, il aperçoit l’abbé de Saint-Sauveur qui regarde avec inquiétude de côté et d’autre. Jean Bourdon se voit également sur le seuil de la porte. « Allons, pense