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Les aventures de Perrine et de Charlot

mes, la sueur couvre son front. Pris d’éblouissement, il se renverse sur le lit. Hé ! ce qu’il presse si fort dans sa main, ce n’est plus l’humble bouton de tantôt, c’est une belle pièce d’or toute neuve, qui étincelle et rit au soleil.

De l’or ! Le grand rêve de Charlot ! De l’or !! Le symbole de sa délivrance ! Là ! Est-ce bien vrai ? Et, sans doute, les autres boutons sont fabriqués du même métal. Dominant sa faiblesse, se raidissant, l’enfant, les doigts tremblants, découvre les onze autres boutons ! Il regarde. Devant lui, ô bonheur suprême, une petite pile d’or s’est amassée.

Longtemps, les yeux mi-clos, la tête appuyée sur son oreiller, Charlot contemple son trésor. Se peut-il qu’il en soit le maître, qu’il en disposera à son gré ? Cela tient du miracle. D’où vient-il, mais d’où vient-il donc cet or précieux ? Qui l’a ainsi, très habilement, caché aux yeux de tous ? Quelle heureuse inspiration il a eue tout à l’heure de rapporter ces boutons à Perrine… Perrine, sa Perrine, est-ce qu’elle connaît, cette richesse ? Quel plaisir il aura, plus tard, à lui narrer cet incident sauveur. Charlot se met à genoux et remercie Madame la Vierge qui sûrement l’a guidé en tout ceci. Elle a répondu du haut du ciel, la bonne mère de Jésus. C’est le secours qu’elle envoie au petit orphelin. Puis Charlot se recouche. Il est fatigué, énervé, par l’excès même de sa joie. Il ne dort pas, non, trop de pensées et de projets s’entrechoquent dans sa tête. Que va-t-il faire ? Fuir ? Certes, oui. Mais de quelle façon procédera-t-il afin de ne pas ennuyer personne, le bon Iouantchou surtout ? Cela, Charlot ne le veut à aucun prix, et s’il lui fallait revenir de l’autre bout de la France pour venir en aide, en quoi que ce soit, à Iouantchou, il le ferait avec joie. Le sommeil prend enfin le pauvre petit.