Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/120

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— Je ne le désire pas, ma sœur. Mais j’en ai la certitude secrète. Voyez-vous, je ne veux pas m’opposer à la vie d’héroïsme de mon mari, mais chaque fois qu’il s’éloigne, même avec mon approbation, il apporte quelque chose de ma faible vitalité. S’il s’éloignait longtemps, je m’éteindrais… comme cette bûche ardente, finit bas la jeune femme.

— Lise, vous me navrez. Réagissez, de grâce.

— Et cette tragédie d’hier, continua Lise, va sûrement amener d’autres événements. Charlot s’offrira tout le premier pour le salut de tous. Et j’applaudirai, et je serai fière,… la mort dans le cœur et dans tout mon être. Je suis un peu lâche, je crois, conclut la jeune femme, avec un pâle sourire.

— Pauvre petite ! fit Perrine, les yeux au loin.

— Vous me plaignez, ma sœur ? Mais vous me comprenez aussi. Cela me soulage, voyez-vous, de parler avec vous. Il y a en votre âme une sérénité et en votre volonté une force qui me calment. Mon frère André me le disait justement hier, de m’appuyer beaucoup sur vous. Il admire votre énergie, quoiqu’il la raille un peu. Les femmes qu’il a connues et aimées ne l’ont guère habitué, chère sœur, à votre équilibre physique et moral. Vous lui redonnerez la foi en la bonté, la fermeté et la droiture fé-