Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/174

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Personne n’aurait reconnu le Radisson d’il y a une heure, dans ce pâle jeune homme, aux cheveux épars, qui se balançait en gémissant et en joignant les mains. Il ne leva même pas la tête en voyant entrer Charlot accompagné du vieil Iroquois. Celui-ci fit signe à Charlot de le laisser seul avec Radisson. Le sauvage s’assit près du jeune homme et soudain, lui levant la tête, le pria de bien lui expliquer le mal dont il souffrait. Il connaissait des remèdes guérissant de combien de maux, Radisson ne se le rappelait-il pas.

Celui-ci cessa ses lamentations. Il parla d’un ton lugubre.

— Mon père, je pleure, je me désole parce que je vais mourir. Oui, moi si jeune, encore vaillant, je vais aller rejoindre l’esprit de mes ancêtres. Oh ! malheur, trois fois malheur sur moi ?

— Qui te fait croire cela, mon fils ?

— Un rêve horrible que j’ai fait cette nuit.

— Bah ! On peut conjurer tous les mauvais rêves, tu le sais bien. Ne t’en a-t-on pas donné le moyen en te faisant cette prédiction, mon fils ?

— Vous avez donc vu le sorcier, mon père, ce matin, car vous dites vrai, il y aurait un moyen de me sauver. Et ce moyen, c’est vous qui devrez le mettre à exécution.

— Alors, pourquoi mon fils n’est-il pas venu au-devant de moi pour me le faire connaître ? Est-ce que je lui ai déjà refusé quelque