Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/40

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son équilibre. La conversation qu’il venait d’avoir avec sa vieille protectrice l’avait remué plus profondément qu’il n’avait cru. Il venait de vivre quelques minutes désormais inoubliables.

Lorsqu’il revint deux heures plus tard, le soleil couchant enveloppait d’une lumière très douce la maison des Repentigny. Il vit soudain sa femme sortir en hâte et regarder anxieusement de tous côtés. L’ayant enfin aperçu, elle se dirigea vivement vers lui. Charlot fut surpris de l’expression d’ordinaire douce, un peu apathique même, des yeux de sa femme. Ils révélaient presque de l’effroi.

« Mon ami, dit-elle, entrez vite. Je crois que …que la fin est venue. Perrine sanglote au pied du lit de Madame Le Gardeur qui ne s’est plus réveillée depuis… depuis votre départ. On est allé deux fois chez le médecin. Il est absent. Mon frère est là-haut aussi. Vous savez qu’il a fait de fortes études médicales. Il m’a fait signe que tout était bien fini… Il n’ose avertir Perrine, qu’il connaît à peine…

— Ma chère Lise, dit enfin Charlot, qui essuyait une larme, Perrine et moi nous perdons en ce moment la grande, l’incomparable protectrice de toute notre vie.