Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/101

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voyait bien. Ses années, ses jours même étaient mesurés. Son cœur était si malade… Quelles affreuses palpitations la nuit précédente l’avaient tenue éveillée de longues heures…

— Olivier, dit Marie, alors qu’elle le voyait se diriger vers la porte du jardin, c’est entendu, nous partons demain ? Je me prépare ?

— Tu te prépares.

— Et puis, mon cher frère, on me dit que nos sacs de blé se vendent très bien, tu te montreras bien généreux pour moi ?

— En quoi, Marie ? Tu veux robes et chapeaux ? Ne te gêne pas. Je t’envie de ne désirer pour ton bonheur que colifichets et… danseurs aux cheveux jaunes.

— Ne sois pas méchant, Olivier, fit Marie. Je puis t’être utile, à Montréal, chez les…

— Je te défends de te mêler de choses qui me regardent aussi intimement. Tu m’entends bien, n’est-ce pas, Marie ? lança Olivier, les yeux étincelants.

— Très bien. Tu le regretteras peut-être un jour… fit la jeune fille, en se mordant les lèvres de vexation. Elle inclina la tête du côté de la grand’mère qui les regardait tous deux tristement et sortit du salon par la porte opposée à celle d’où sortait également son frère en précipitant sa marche.

Il était onze heures du soir lorsque le jeune homme revint à la maison. Il entra doucement, croyant que l’on s’était retiré de bonne heure,