Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/61

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— Hein ! soyez… prudent autant qu’un homme à haute température comme vous, puisse l’être ! avait encore ajouté, entre haut et bas, le Dr  Cherrier. Il observait de son petit air narquois la figure enflammée du docteur Nelson, qui venait de redresser le buste en se tournant vers la foule ; on l’applaudissait avec force cris, rires, mots de bienvenue et d’avance fort encourageants.

Mais tandis qu’on prêtait l’oreille aux ardentes objurgations du député patriote, Josephte, assise sagement auprès d’Alec, filait dans la large voiture confortable. Elle regardait droit devant elle, trouvant un peu monotone la route qui conduisait de Saint-Ours à Sorel. Sans doute, le Richelieu, avec ses rives fleuries d’arbustes, ornées de beaux arbres, dont les branches se reflétaient dans l’eau d’une limpidité de miroir, lui plaisaient beaucoup. Ses regards d’enfant, déjà initiés au beau, aimaient à se poser sur tout ce coin de pays qui lui semblait bien à elle… Cadre naturel, harmonieux, de la petite fleur sauvage et gracieuse, qu’elle était bel et bien encore.

Les chevaux eurent un écart tout à coup. Alec, surpris, les retint en regardant ici et là pour connaître la cause de ce bond. Josephte le prévint. Elle cria avec joie, la main sur la rude main du cocher.