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VIII. — LE RETOUR DU PRISONNIER POLITIQUE


OLIVIER PRÉCOURT, au fond de la spacieuse voiture qui l’emportait vers Saint-Denis, au trot de deux chevaux, garda longtemps le silence. Parfois, sa main se posait sur celle de Michel. Le petit garçon, assis bien près de lui, guettait le moindre de ses gestes. La faiblesse du jeune homme était extrême. L’émotion qu’il ressentait à la pensée qu’il se trouvait enfin libre et en route pour la chère vieille maison de son enfance augmentait sa faiblesse. Elle expliquait le pénible serrement de sa poitrine et de sa gorge. Aucun son ne pourrait jamais en sortir, lui semblait-il. De temps à autre, il se soulevait. Il regardait la campagne, ses ombrages assez rares, les minuscules jardins près des maisons blanchies à la chaux, d’apparence si paisible, avec leurs fenêtres ouvertes, où se penchaient des marmots rieurs. Le soleil dorait ce paysage qui lui était familier. Il semblait que rien ne portait plus trace de la grande tragédie qu’on venait de vivre, qu’il vivait encore pour sa part. Partout, sur leur pas-