Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/309

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tu meurs… Amène-moi, Olivier.

— Non, non, il y a… Josephte… il y a Michel… Veille sur eux… surtout…

— Olivier, regarde-moi !… Tu ne me quitteras pas. Non ! Non !… Le docteur et moi, nous ne te laisserons pas partir…

— Mathilde… fais aussi… ton sacrifice… je t’en prie… Dieu nous a donné… trois… trois mois… si beaux… si…

— Olivier ! Ne ferme pas les yeux… Regarde-moi, encore… Olivier !… Docteur… il ne va pas… Dieu !… Qu’a-t-il ?

Et Mathilde, sur un geste désespéré du docteur, poussa un cri de douleur, et se jeta sur le corps expirant d’Olivier. En sanglotant, elle murmura sans fin son nom, avec celui de Jésus… les lèvres collées sur le front de celui qu’elle chérissait de quel amour immense et fidèle. Et bientôt, tout fut fini… Le docteur, de force, tira la jeune femme de cette accolade suprême. Farouche, soudain, elle le repoussa, se raidit puis avec respect, avec tendresse, elle ferma elle-même les yeux d’Olivier et le recouvrit d’un drap. Elle retomba à genoux en pleurant, mais plus doucement et le crucifix du mort en mains. Tous bientôt se retirèrent. Le docteur demeura seul, avec Mathilde, auprès de ce mort héroïque, qui avait aimé son pays, vraiment plus que lui-même, plus que toutes les saintes amours