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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE

ce poste, je dirois de lui ce que la modestie m’empêche de dire », écrit-il à propos du fameux combat.

Mais d’Iberville ne s’entêtera pas à redresser les notions des marchands ou des commis de Versailles, il y a déjà perdu trop de temps. À la baie d’Hudson, à Terre-Neuve, en Acadie, il s’épuise à des luttes longues et pénibles dont les résultats sont médiocres. Le grande partie se jouera à l’intérieur du continent. Il importe d’y asseoir ou l’Angleterre ou la France. Pour la colonie française, le choix n’est pas douteux : elle s’engagera dans une lutte à mort avec l’Anglais, en vue d’établir sur le sol d’Amérique un grand empire colonial, solide, d’une seule venue, capable de résister à tous les assauts, de se développer à l’aise. Sinon, qu’elle abandonne la partie.

Cette doctrine ne peut naître à la cour, où la politique coloniale ne dépasse guère le désir du gain immédiat. De France, on considère l’Amérique comme une terre d’exploitation où il est inutile de faire de grands frais : tout le continent américain, du moins ses parties dépourvues de mines d’or ou d’argent, ne vaut pas une place forte des Flandres. Si quelques esprits clairvoyants, comme Colbert et Vauban, s’élèvent au-dessus de ces notions, ils restent l’exception. Et le mot de Voltaire sur les « arpents de neige » ne sera que l’écho de l’opinion publique.