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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE

nace-t-il. Beaudoin s’interpose, on en vient à une entente. Le gouverneur de Terre-Neuve commandera l’attaque contre Saint-Jean, car il veut effacer le souvenir de son échec.

Voilà bien autre chose ! D’Iberville n’a pas l’intention de commencer par Saint-Jean. Son plan consiste à s’emparer de la partie septentrionale de l’île et d’abord de Carbonière, pour se rabattre ensuite vers le sud, nettoyant tout sur son passage. L’événement démontrera la justesse de ces vues. Longues palabres. Enfin, désireux d’arriver à un résultat, Pierre consent à attaquer Saint-Jean. Mais rien au monde ne convaincra les Canadiens d’obéir à un Français. Brouillan cède, car il n’est pas très rassuré : la réputation des coureurs de bois donne à réfléchir.

Le jour de la Toussaint, M. de Brouillan part en bateau, les autres à pied. Pendant neuf jours, les nôtres connaissent une autre de ces marches inhumaines dont ils sont coutumiers, « dans un pays mouillé, couvert de mousse, en laquelle on enfonce jusqu’à mi-jambe, cassant souvent la glace avec les jambes… passant des rivières et des lacs, assez fréquemment jusqu’à la ceinture dans l’eau. »

Au moment d’attaquer, Brouillan recommence à récriminer au sujet du commandement et du butin. D’Iberville reste ferme, les Canadiens montrent les dents. Brouillan juge prudent de se taire.