Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
LE BARON DE SAINT CASTIN

Au mois de février 1723, le colonel Westbrook, à la tête de 130 hommes, croisa sur les côtes de l’Est à bord de petits navires, jusqu’aux Monts-Déserts. Nouvelle tentative contre Rasles à cette occasion, et nouvel échec.

L’année suivante, quatre compagnies commandées par les capitaines Harmon, Moulton et Brown ainsi que le lieutenant Bean, partaient du fort Richmond, avec l’ordre de détruire le village de Narantsouak et d’abattre le père Rasles. Les instructions étaient formelles : il ne s’agissait plus d’un simple avantage à obtenir, il fallait tuer et brûler. Grâce à la trahison d’une squaw terrifiée, les Anglais surprirent le village. Le chef Bomazeen et le père Rasles succombèrent les premiers. Criblé de balles au sortir de son église, le Jésuite fut scalpé et mutilé. Le massacre se poursuivit avec méthode. Guerriers, squaws, enfants, tout le monde y passa. « L’inhumanité dont les Anglais firent preuve à l’égard des femmes et des enfants ne saurait trouver d’excuse », écrit Church. La besogne terminée, ils se mirent à la recherche du chef Mogg, le seul qui avait échappé et, quand ils l’eurent découvert, ils le mirent à mort 2.

Certains historiens prétendent qu’à la suite de ce massacre, les Abénaquis se dispersèrent à jamais. C’est inexact, puisque, seul, le village de Narantsouak avait souffert aux mains des Anglais. Vers le même temps, c’est-à-dire le 10 juin 1724, les Anglais tuaient, à Oyster-River, un métis blond, aux manières raffinées. Le capitaine Matthews fit hommage de son scalp au Conseil de Boston, et les pasteurs puritains le firent passer pour le fils de Rasles. Mais cette calomnie à l’égard du missionnaire assassiné ne put s’accréditer. En effet, le linge du jeune métis portait une couronne de baron. C’était évidemment l’un des nombreux fils de Saint-Castin 3. Mentionnons qu’à cette époque, se distinguait à la guerre le chef métis Orono de Pentagoët, qui se disait né en 1688. Les Anglais le prenaient pour un petit-fils de Saint-Castin 4. Vu la date de sa naissance, il ne pouvait être que le fils de Jean-Vincent, dont le mariage ne remontait pas au delà de 1674.


— III —


Joseph encore aux prises avec les Anglais. — Les colonies anglaises voulaient à tout prix terminer une guerre si dévastatrice.