Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
LE BARON DE SAINT-CASTIN

où estoit le détachement dudit sieur de St-Castin. Il y eut une grande bataille le matin, mais estant d’une force mineure, il feut obligé de se battre en retraite suivant ses ordres et ledit sieur Subercaze ayant envoyé après midy trois cens hommes de secours, ledit sieur de St-Castin ne manqua pas d’attaquer à leur camp les ennemis et après les avoir mis en desroute sur la fin de la bataille, les ayant repoussés jusques dans la rivière, ils furent secoureus des gens de leurs vaisseaux et dans ce nouveau combat ledit sieur de St-Castin feut blessé d’un coup de mousquet, de coups de bayonnette et de hache et les ennemis se retirèrent.

L’année ensuitte, sur les ans qu’on avoit que les Anglois devoient revenir, le sieur de St-Castin passa tout l’été en course dans son bastiment entretenu à ses dépans. Il eut l’honneur de recevoir une lettre et commission y attachée pour commandant de Pentagouet vacquante par le décès de son père dattée du 3e Juin 1708.

En 1710, il feut au Port Royal chercher le présent des sauvages que le deffunt Roy avoit accoutumé de leur donner et chargea son bâtiment de ses propres effects pour entretenir les sauvages et étant arrivé à l’entrée du port, il fit rencontre d’un batiment anglois, détaché pour la découverte, qui malheureusement prit le sien. Tout ce qu’il peut faire fut de se sauver à terre et, s’en allant pour recevoir les ordres dudit sieur de Subercase, il trouva que les ennemis avoient pris le fort, il y avoit huit jours.

Il escrivit à ce dernier, qui l’obligea de se rendre auprès de luy, où estant arrivé, les ennemis en eurent avis et prièrent ledit sieur de Subercase de l’envoyer au fort où s’étant rendu les généraux luy firent des propositions fort avantageuses, luy offrant beaucoup d’argent et de beaux emplois, ce qu’il refusa avec beaucoup de mépris, estant entièrement attaché au service de son Prince.

Ensuite, il feut en Canada pour prendre les ordres de M. de Vaudreuil Gouverneur Général. Celuy-cy vovant ledit sieur de St-Castin hors d’état de subsister, luy donna la commission de Lieutenant et luy donna des ordres pour exercer le commandement de l’Accadie et de Pentagouet pour y maintenir une partie des habitans et tous les sauvages aux intérêts du Roy et il n’a rien obmis pour inquiéter les Anglois, tant du gouvernement de Baston que celui du Port Royal, en datte ladite commission du premier Janvier 1711.

Sa Majesté l’honnora du brevet de Lieutenant en pied surnuméraire le 12e Janvier 1712 où il a continué ses services et la mesme année, il eut le malheur qu’un détachement des ennemis estant veneu chez luy brûlèrent ses maisons, pillèrent tous ses effects, brulèrent encore deux batimens qu’il avoit, et tout ce qu’il peut faire feut de se sauver avec sa famille, dans un estat pitoyable, ce qui l’obligea de s’en aller en Canada où il receut un paquet de Monseigneur de Pontchartrain, ministre, avec un congé cy-joint pour passer en France reigler ses affaires datté du 8e Avril 1713, et, luy ayant témoigné qu’il désiroit auparavant d’aller passer l’hiver auprès des Abnequis et d’autres nations suivantes pour les obliger de se retirer au Cap Breton où Sa Majesté avoit résoleu de faire un nouveau établissement ce qu’il n’a pas manqué d’exécuter, et d’y publier le traité de paix. Mais n’ayant pas réussy, comme il auroit désiré, lesdits sauvages se trouvant consternés de la cession de l’Accadie aux Anglois par le préliminaire de la paix dernière, ledit sieur de St-Castin, estant de retour en Canada trouva le vaisseau pret à partir et ne feut pas à son pouvoir d’avoir de l’argent monoyé en eschange des cartes. Il feut obligé de laisser ses appointements de lieutenant en main du trésorier comme il apert du certificat qu’il en donna le 9e septembre 1714, signé Petit.