Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
IBERVILLE ET SAINT-CASTIN

Pour éveiller davantage l’attention du roi. Frontenac annonçait toujours une attaque imminente. Le roi n’en croyait rien. Il s’en ouvrait au gouverneur de la Nouvelle-France, dans une lettre du 14 juin 1695 : « L’événement a justifié ce que Sa Majesté a mandé l’année dernière du peu d’apparence qu’il y avait que les Anglois pussent attaquer le Canada par une invasion générale, ny pour faire le siège de Québec. Les ennemis au contraire n’ont pas esté en estât de se deffendre des attaques des sauvages de l’Accadie, ny de se mettre à couvert des déprédations d’un corsaire avec un seul brigantin ». Il ne comprenait pas la nécessité de l’offensive.

Enfin, la cour se décidait à attaquer Pemquid, Terre-Neuve et la baie d’Hudson en 1696. Frontenac ne pouvait s’en contenter, ainsi qu’il l’expliquait à M. de Lagny, le 2 novembre 1695 : « Je ne crois pas, comme je l’ai marqué à Mr  de Pontchartrain, qu’on dût s’arrêter simplement à la prise du fort de Pemquit, puisque pour peu qu’on voulût ajouter à l’armement qui seroit nécessaire pour ce dessein, on pourroit facilement entreprendre de bombarder Manath et Baston, ce qui serait bien d’une plus haute importance et couperait tout d’un coup la racine du mal qui nous vient de ce côté et principalement de Manath ».

Mais il ne fallait pas se montrer trop exigeant. Le roi se décidait à attaquer parce que les circonstances lui permettaient d’accomplir beaucoup… aux frais des autres. Il fournissait deux vaisseaux pour la prise de Pemquid, mais Saint-Castin promettait les troupes de débarquement. À Terre-Neuve, Iberville devait faire le coup avec les coureurs de bois payés de ses propres deniers. Enfin, la Compagnie du Nord se chargeait des dépenses de l’expédition à la baie d’Hudson.

Dispositions excellentes sans doute : jamais campagne n’eut autant de succès. Il faut ajouter qu’elle était dirigée par le grand capitaine d’iberville, secondé par des gens habitués à la guerre d’Amérique, c’est-à-dire les coureurs de bois et le baron de Saint-Castin.


— V —


Prise de Pemquid. — En février 1696, M. Bégon, intendant à la Rochelle, recevait l’ordre d’armer à Rochefort l’Envieux et le Profond.