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LE BARON DE SAINT CASTIN
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Pentagoët, c’était l’ancienne Norembègue.

« La Norambègue estoit une province de la Nouvelle-France où se sont faites les premières habitations des François et où nos autheurs marquent une ville imaginaire du mesme nom sur le fleuve Pentagouët appelé Penolescot par les Anglois. La description de la Norembègue se trouve presque jusques à nos temps dans touttes les cartes mais encore plus dans les anciennes » 24.

Norembègue, Norumbega ! Ce fut, à l’origine, l’un de ces vocables dont s’enchanta l’imagination des mariniers du Moyen-Âge et qui attirèrent Christophe Colomb dans nos parages. Antilia (nos modernes Antilles), où se dirigea le Génois ; les Îles Fortunées de Saint-Brandan, l’Île des Sept-Cités, Ophir, Bimini, Cibola, Cathay, hantaient les rêves des navigateurs, héritiers de vieilles traditions cosmographiques et cartographiques remontant peut-être jusqu’à Strabon, évoquant en tout cas le souvenir des vikings de l’an mille.

Parmi ces endroits fabuleux, Norembègue, avec Antilia, attirait le plus les navigateurs. Le Breton Nicholas Don, en 1506, fut le premier à en donner la description. Il y trouva, à l’en croire, des gens de bonnes manières, portant « cols et autres ornements en or ». La croyance se répandit en l’existence d’une ville merveilleuse dans les déserts du Nouveau-Monde. Verazzano inscrivit son nom sur les cartes. Certains historiens pensent qu’il y perdit la vie, bien qu’on situe d’ordinaire la tragique aventure de sa mort sur le Rio de la Plata. La carte française dite du Dauphin, tracée en 1542, renferme, à l’endroit de Pentagoët, deux tours pour indiquer l’emplacement d’Aurobagra (corruption de Norumbega).

Estevan Gomez débarquait dans cette région enchantée deux ans après Verazzano, soit en 1525. Cabeca de Vaca y venait en 1528. Il y fut six ans prisonnier des Indiens, puis, s’échappant, il erra pendant vingt mois dans ce pays hostile. Ce qui lui permit de découvrir un extraordinaire réseau de routes rayonnant dans toutes les directions. Ingram suivit plus tard ces routes, qui servirent à toutes les incursions des Français ou de leurs alliés indiens contre la Nouvelle-Angleterre. Vaca trouva le capitaine français Champagne, à la rivière Saint-Jean, qui le ramena en Europe à bord de sa Gargarine. L’un de ses compagnons, Job Hortop, ne revoyait l’Angleterre