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LE BARON DE SAINT-CASTIN

chagrin, ou je ferai quelque pas qui déplaira à la cour, c’est-à-dire je sortirai d’ici sans congé, quoi qu’il puisse arriver ».

Pour toute consolation, le gouverneur vit arriver un certain Mathieu Gouttins, qui signait des Gouttins et qui, d’abord avec le titre de commis de la marine puis celui de procureur du roi, allait s’employer activement pendant de nombreuses années à contrecarrer les plans des gouverneurs et à les critiquer dans des mémoires sans nombre en vue de son avancement personnel. Tactique d’ailleurs habile. On aimait assez à Versailles ces officieux, dénonciateurs des gens en place.

Menneval reçut un homme plus utile, l’ingénieur Pasquine, employé à la réparation des fortifications. Pasquine constata les lacunes, prépara un plan, releva les ruines. Mais quand il s’avisa, avec son collègue Saccardy, de prolonger les murs de Port-Royal vers la mer, il s’attira une verte remontrance de la cour.

Dans une lettre de 1689, Menneval racontait que les Anglais avaient d’abord songé, puis renoncé à une attaque contre Port-Royal. « S’ils l’avaient fait, ajoutait-il, il serait fort à craindre que les Français n’auraient pu résister, le fort étant tout ouvert et n’ayant pas même un canonnier. »

Le pauvre gouverneur disposait à peine de 90 soldats (outre deux sergents, quatre caporaux, quatre anspessades, un ou deux officiers), dont 25 gardaient le fort Saint-Louis de Chedabouctou. « La moitié seulement sont armés, tant les armes sont mauvaises, et quelques-uns sont si vieux et si réformés qu’ils sont à la charge du pays ; l’hôpital n’a que quatre lits et pas de remèdes ». Dépourvu d’argent. Menneval prenait sur le fonds des fortifications la solde du chirurgien et des soldats 23.

Il reçut enfin du secours. Trois fils du baron de Port-neuf, Villebon, Portneuf et Neuvillette, ainsi que Dauphin de Montorgueil, arrivèrent chacun à la tête d’un détachement de 45 soldats 24.


— VI —


La révolution à Boston. — On était en 1689, année fertile en événements. Les Indiens l’avaient commencée par une attaque contre Saco suivie de ravages dans les campagnes.