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les patriotes

Comment résister à des appels aussi déchirants ? Comment rester sourd aux accents pathétiques de cette voix d’outre tombe ?

Mais la situation était délicate. La femme de cœur qui, pendant quarante-quatre ans, avait souffert en silence, vécu dans la gêne, sans se plaindre, et refusé l’aisance plutôt que de renoncer au nom glorieux de celui dont elle était la digne épouse, cette femme avait des sentiments qui méritaient d’être respectés.

Ce n’était pas un acte de charité mais une œuvre de réparation nationale qu’il fallait accomplir.

L’auteur de ce livre ayant obtenu certains renseignements nécessaires, entreprit d’organiser une souscription publique au profit de la veuve et des deux filles du patriote de Lorimier. Aidé de M. Beaugrand, propriétaire de la Patrie, de M. Fréchette et de quelques uns des principaux citoyens de Montréal, il réussit à recueillir en peu de temps le montant requis. Il s’agissait d’avoir un millier de piastres ; on en trouva trois cents de plus, qui furent divisées entre les veuves du capitaine Jalbert et d’Ambroise Sanguinet.

Cette souscription donna lieu à plusieurs soirées et démonstrations qui eurent pour effet de réveiller le souvenir un peu endormi d’une des époques les plus intéressantes de notre histoire. On s’émut au récit des souffrances des infortunées victimes de 1837-1838, et la lecture des lettres d’adieu de de Lorimier et de Cardinal firent verser bien des larmes.

C’est le 15 juillet 1883 qu’eut lieu la présentation à Mme de Lorimier et à ses deux filles de la somme souscrite en leur faveur. Voici comment M. Chapman, un écrivain de talent, rendit compte de cette belle démonstration dans la Patrie du 17 juillet :

« Dimanche matin, le vapeur Terrebonne, tout pavoisé, laissait le quai de la compagnie Richelieu aux accords d’une fanfare guerrière.