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réchauffe le dos. Le ciel est tout bleu et de grandes mouettes passent et crient.

La mer vient mourir sur la plage comme un lac. Pas une vague. L’estacade, toute blanche, resplendit sous les feux du jour. Une bonne odeur marine emplit l’atmosphère. Elle vient du large en grosses bouffées.

Vite, courons au port prendre des nouvelles du Godsgoedheid. Je cherche vainement son nom sur chacune des poupes. Le port est plein de bruit. Tous vont s’en aller. L’on entend les poulies grincer sous l’effort des voiles. Les mâts craquent, les rames battent l’eau. L’on roule de gros tonneaux sur le rivage. L’on s’agite, l’on se prépare. Une à une, elles s’en vont les barques, tirées par des hommes jusque près de la mer.

Le port est bientôt vide.

Et le Godsgoedheid ?…

Hélas ! serait-ce donc vrai ? L’Océan aurait-il pris ces pêcheurs à leurs femmes ? cet enfant à sa mère ? Je n’ose y penser…

Lentement, comme à regret, je m’en vais, sans espoir…


Jeudi 14 octobre 19…

Ce matin, sur la plage, j’ai ramassé une petite croix de bois…

Ils sont morts !