Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/175

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reſoudroient jamais à entrer dans une entrepriſe quoiqu’elle leur fût avantageuſe, ſi on la leur faiſoit voir d’abord dans toute ſon étenduë & avec toutes ſes ſuites, & il s’y laiſſent conduite lorſqu’on les y fait entrer ſucceſſivement, parce que le premier pas attire le ſecond, & ainſi des autres.

Comme les affaires ſont ordinairement épineuſes par les difficultez qu’il y a d’ajuſter des interêts ſouvent oppoſez entre des Princes & des États qui ne reconnoiſſent point de juges de leurs prétentions ; il faut que celui qui en eſt chargé employe ſon adreſſe à diminuer & à aplanir ces difficultez, non ſeulement par les expediens, que ſes lumièred lui doivent ſuggerer, mais encore par un eſprit liant & ſouple qui ſache ſe plier & s’accommoder aux paſſions & même aux caprices & aux préventions de ceux avec qui il traite. Un homme difficultueux & d’un eſprit dur & contrariant augmente les difficultez attachées aux affaires par la ru-