Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/211

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pas ſi bien ſervi, mais que ſa ſincerité s’étoit oppoſé à ſa fortune, que toutes ſes dépêches n’étoient pleines que de veritez facheuſes au Roi ſon Maître & a ſes Miniſtres, que lorſque les François avoient remporté quelque victoire, il en faiſoit de fideles relations par ſes Lettres, que quand ils aſſiegeoient une place, il étoit le premier à le mander ; & en prediſoit la priſe ſi on ne donnoit ordre de la ſecourir, que quand un Allié étoit mécontent & dégoûté de ce que la Cour d’Eſpagne manquoit aux paroles qu’elle lui avoit données, il la ſollicitoit avec importunité de tenir ſes promeſſes, & l’avertiſſoit que cet Allié étoit prêt de la quitter ſi on ne le ſatiſfaiſoit. Que les autres Negociateurs Eſpagnols mieux inſtruits de leurs propres interêts & des moïens de faire fortune, mandoient que le François étoient des Gavaches, que leurs armées étoient ruinées & hors d’état de rien entreprendre, que lorſque les troupes Françoise avoient remporté