Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/245

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S’il parle à un Prince, il faut qu’il le faſſe ſans élever ſa voix, mais du ton d’une convention ordinaire, d’un air modeſte & reſpectueux & d’un ſtile concis, après avoir bien peſé & examiné les expreſſions dont il ſe ſert, les Princes n’aiment pas les longs diſcours ni les grands par leurs, un habile Negociateur ne doit pas tomber dans ce deffaut, qui ne convient qu’à des Ecoliers ou à des pedans, la ſageſſe & les longs diſcours ſe trouvent rarement enſemble.

Quand un Miniſtre parle devant un Senat ou à une République, il lui eſt permis d’être plus fleuri & plus étendu, mais s’il eſt trop long, on peut lui appliquer la réponſe que les Lacedemoniens firent aux Ambaſſadeurs des l’iſle de Samos, qu’ils avoient oublié le commencement de leur harangue, qu’ils n’en avoient pas écouté la ſuite, & que rien ne leur en avoit plu que la fin. Voulant dire qu’en la finiſſant, ils avoient ceſſé de les ennuyer.

Un Negociateur doit conſiderer