Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/98

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de negocier, il doit fonder principalement le ſuccès de ſes Negociations ſur la droiture & ſur l’honnêteté de ſon procedé ; s’il prétend réüſſir par des ſubtilitez, & par la ſuperiorité de genie qu’il croit avoir ſur ceux avec qui il traite, il eſt fort ſujet à ſe tromper ; il n’y a point de Prince ni d’Etat, qui n’ait un Conſeil aſſez habile pour connoître ſes véritables interêts. Les Peuples même qui paroiſſent les moins rafinez, ſont ſouvent ceux qui les entendent le mieux, & qui les ſuivent plus conſtamment ; ainſi il ne faut pas qu’un Negociateur quelque habile qu’il puiſſe être, prétende leur en faire accroire là-deſſus ; mais il faut qu’il épuiſe les lumieres & les reſſources de ſon eſprit, pour leur faire trouver des avantages effectifs dans les choſes qu’il eſt chargé de leur propoſer. Un ancien Philofophe a dit, que l’amitié qui eſt entre les hommes, n’eſt qu’un commerce où chacun cherche ſon interêt, on le peut dire à plus juſte titre des liaiſons & des traitez qui ſe font entre les Souverains ; il n’y en